Le mystère de la mort naturelle
Enregistré dans:
Publié dans: | @Epsiloon No 34 |
---|---|
Auteur principal: | |
Support: | Article de revue |
Publié: |
2024.
|
Sujets: | |
Résumé: | "J'ai souvent posé la question à des gériatres de supercentenaires au Japon : "De quoi meurent-ils ?"", observe Eric Gilson, directeur de l'Institut Ircan de recherche sur le cancer et le vieillissement, à Nice. "Leur réponse, c'est "on ne sait pas. Pour une raison simple : ces gens-là, on ne les autopsie pas ou très rarement"." "On ne voit pas de dégradation patente qui conduit à la mort. Souvent, les médecins évoquent l'insuffisance rénale... mais ce n'est pas le cas chez ces individus", constate de son côté Maël Lemoine, professeur de philosophie des sciences médicales à l'université de Bordeaux. Des hommes et des femmes très âgés qui s'éteignent doucement, sans mal apparent. Le phénomène serait rare. Mais il pose une question vertigineuse. Le fait est que seules deux causes "officielles" de mort, si l'on excepte les suicides, sont reconnues par l'Organisation mondiale de la santé : les accidents et les pathologies. "Même quand un médecin dit "Il s'est éteint", ça veut simplement dire qu'il ne connaît pas la cause," traduit Maël Lemoine. "Dans la représentation qui fait consensus aujourd'hui, il y a nécessairement une cause diagnosticable." Comme si le concept même de mort naturelle, d'extinction pure et simple de la vie, était inconcevable. D'ailleurs, il n'y a pas vraiment de mot. Mort naturelle ? Mort de vieillesse ? Comment qualifier, comment décrire cet arrêt de la vie chez certains individus très âgés ? Un jour, sans maladie ni syndrome métabolique, le coeur cesse de battre. Vraiment ? Existerait-il une troisième forme de mort ? |
Lien: | Dans:
@Epsiloon |
Résumé: | "J'ai souvent posé la question à des gériatres de supercentenaires au Japon : "De quoi meurent-ils ?"", observe Eric Gilson, directeur de l'Institut Ircan de recherche sur le cancer et le vieillissement, à Nice. "Leur réponse, c'est "on ne sait pas. Pour une raison simple : ces gens-là, on ne les autopsie pas ou très rarement"." "On ne voit pas de dégradation patente qui conduit à la mort. Souvent, les médecins évoquent l'insuffisance rénale... mais ce n'est pas le cas chez ces individus", constate de son côté Maël Lemoine, professeur de philosophie des sciences médicales à l'université de Bordeaux. Des hommes et des femmes très âgés qui s'éteignent doucement, sans mal apparent. Le phénomène serait rare. Mais il pose une question vertigineuse. Le fait est que seules deux causes "officielles" de mort, si l'on excepte les suicides, sont reconnues par l'Organisation mondiale de la santé : les accidents et les pathologies. "Même quand un médecin dit "Il s'est éteint", ça veut simplement dire qu'il ne connaît pas la cause," traduit Maël Lemoine. "Dans la représentation qui fait consensus aujourd'hui, il y a nécessairement une cause diagnosticable." Comme si le concept même de mort naturelle, d'extinction pure et simple de la vie, était inconcevable. D'ailleurs, il n'y a pas vraiment de mot. Mort naturelle ? Mort de vieillesse ? Comment qualifier, comment décrire cet arrêt de la vie chez certains individus très âgés ? Un jour, sans maladie ni syndrome métabolique, le coeur cesse de battre. Vraiment ? Existerait-il une troisième forme de mort ? |
---|---|
Description matérielle: | p. 74-79. |
ISSN: | 2800-4736 |