Corps, symbolisation et hyperactivité : carences de la symbolisation : place du corps et de l'agir dans notre quotidien [Dossier]

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Publié dans: Le Journal des psychologues [Texte imprimé] n° 316
Auteur principal: Brocq, Hélène.
Support: Article de revue
Publié: 2014.
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Résumé: Depuis plusieurs décennies, tout s'accélère... tout va très vite... Trop vite ? La clinique quotidienne témoigne d'une augmentation très sensible des troubles dits ÷narcissiques÷, au détriment d'une symptomatologie névrotique plus classique. Une sorte de tendance générale pousse l'individu à se détourner du monde extérieur pour entrer dans la toute-puissance et l'illusion narcissique. La pathologie des limites occupe le devant de la scène, et le psychologue clinicien doit souvent interroger ce qu'il en est des limites entre soi et l'autre, entre le monde interne et la réalité externe, entre le penser et l'agir... De plus en plus, le rapport à soi se vit sur le mode de l'objectivation, de la marchandisation, de l'instrumentalisation du corps, et l'estime de soi semble nécessiter un rapport à l'argent, au pouvoir, voire à la notoriété ou à l'image médiatique. Devant ce télescopage psychologique et social, qui met en cause les bases mêmes de notre culture, le désarroi est souvent grand, et l'individu contemporain doit alors apprendre à vivre avec la crainte élémentaire de s'effondrer, puisque sa personnalité s'est le plus souvent édifiée autour d'un réel sentiment de faiblesse. La peur semble se multiplier. On a peur de l'insécurité, du chômage, de l'agressivité des autres, de la solitude, de l'écart entre les générations, du manque de repères identitaires, du changement... Il est vrai que la maison n'offre plus toujours l'espace structurant et clos qui permet un nécessaire retour sur soi. Les téléphones portables et les ordinateurs relient désormais le dedans et le dehors, le moi et les autres, et maintiennent des relations virtuelles qui, elles aussi, brouillent les repères et effacent les limites... La confusion structurelle des limites entre le dedans et le dehors maintient d'ailleurs un état d'excitabilité anormal, et l'on voit exploser les diagnostics d'hyperactivité chez les enfants, les conduites à risque, les prises de toxiques, la dépendance aux jeux (notamment chez les préadolescents)... autant de conduites pathologiques qui appartiennent au registre de l'agir. Nous vivons finalement dans un monde où la pulsionnalité devient la règle. Dans cet univers hyperstimulant, à quoi bon se détourner des satisfactions immédiates pour s'intéresser davantage à son monde interne et investir le plaisir que procure la pensée ? Les affects dépressifs sont le plus souvent évacués dans l'hyperactivité, parfois jusqu'au burn out et-ou à la déconstruction psychosomatique... La capacité de symbolisation a fait place aux pulsions qui s'orientent vers l'agir et vers l'action, au détriment de la pensée. Notre corps occupe désormais le devant de la scène dans la recherche d'un équilibre psychique et adaptatif, car bouger permet de ne pas penser... C'est donc autour de cette réflexion sur les carences de la symbolisation et de la place du corps dans notre société que j'ai souhaité articuler ce dossier.
Lien: Dans: Le Journal des psychologues [Texte imprimé]
Autre support: Corps, symbolisation et hyperactivité . Ressource électronique : carences de la symbolisation : place du corps et de l'agir dans notre quotidien [Dossier]
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Résumé:Depuis plusieurs décennies, tout s'accélère... tout va très vite... Trop vite ? La clinique quotidienne témoigne d'une augmentation très sensible des troubles dits ÷narcissiques÷, au détriment d'une symptomatologie névrotique plus classique. Une sorte de tendance générale pousse l'individu à se détourner du monde extérieur pour entrer dans la toute-puissance et l'illusion narcissique. La pathologie des limites occupe le devant de la scène, et le psychologue clinicien doit souvent interroger ce qu'il en est des limites entre soi et l'autre, entre le monde interne et la réalité externe, entre le penser et l'agir... De plus en plus, le rapport à soi se vit sur le mode de l'objectivation, de la marchandisation, de l'instrumentalisation du corps, et l'estime de soi semble nécessiter un rapport à l'argent, au pouvoir, voire à la notoriété ou à l'image médiatique. Devant ce télescopage psychologique et social, qui met en cause les bases mêmes de notre culture, le désarroi est souvent grand, et l'individu contemporain doit alors apprendre à vivre avec la crainte élémentaire de s'effondrer, puisque sa personnalité s'est le plus souvent édifiée autour d'un réel sentiment de faiblesse. La peur semble se multiplier. On a peur de l'insécurité, du chômage, de l'agressivité des autres, de la solitude, de l'écart entre les générations, du manque de repères identitaires, du changement... Il est vrai que la maison n'offre plus toujours l'espace structurant et clos qui permet un nécessaire retour sur soi. Les téléphones portables et les ordinateurs relient désormais le dedans et le dehors, le moi et les autres, et maintiennent des relations virtuelles qui, elles aussi, brouillent les repères et effacent les limites... La confusion structurelle des limites entre le dedans et le dehors maintient d'ailleurs un état d'excitabilité anormal, et l'on voit exploser les diagnostics d'hyperactivité chez les enfants, les conduites à risque, les prises de toxiques, la dépendance aux jeux (notamment chez les préadolescents)... autant de conduites pathologiques qui appartiennent au registre de l'agir. Nous vivons finalement dans un monde où la pulsionnalité devient la règle. Dans cet univers hyperstimulant, à quoi bon se détourner des satisfactions immédiates pour s'intéresser davantage à son monde interne et investir le plaisir que procure la pensée ? Les affects dépressifs sont le plus souvent évacués dans l'hyperactivité, parfois jusqu'au burn out et-ou à la déconstruction psychosomatique... La capacité de symbolisation a fait place aux pulsions qui s'orientent vers l'agir et vers l'action, au détriment de la pensée. Notre corps occupe désormais le devant de la scène dans la recherche d'un équilibre psychique et adaptatif, car bouger permet de ne pas penser... C'est donc autour de cette réflexion sur les carences de la symbolisation et de la place du corps dans notre société que j'ai souhaité articuler ce dossier.
Description:Dossier de 5 articles.
Description matérielle:p.14-46.
ISSN:0752-501X