Alain Quemin : l'art des palmarès en art
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Publié dans: | Art Press n° 407 |
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Auteur principal: | |
Support: | Article de revue |
Publié: |
2014.
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Sujets: | |
Résumé: | En 2002, le sociologue Alain Quemin, aujourd'hui professeur à Paris VIII, publiait une étude qui fit grand bruit, ÷l'Art contemporain international. Entre les institutions et le marché÷ (Jacqueline Chambon et Artprice). A l'aide de statistiques, tableaux et histogrammes implacables, l'auteur y démontrait que la représentativité de l'art français à l'étranger prenait la voie du déclassement. Cette appréciation n'eut pas l'heur de ravir les responsables de nos institutions, implicitement désignés comme responsables de cet échec de la politique culturelle hexagonale à l'étranger. Rude coup porté par l'ordre des faits, qui ignore la rhétorique, à ÷l'exception culturelle÷ française. Avec ce nouvel ouvrage, ÷les Stars de l'art contemporain. Notoriété et consécration artistiques dans les arts visuels÷, le sociologue continue son enquête avec la précision maniaque qu'on lui connaît, en interrogeant cette fois la nature des palmarès en art contemporain. Ceux-ci, depuis le Kunstkompass allemand (1970). se sont fortement multipliés et développés, ces vingt dernières années notamment, tandis que le monde de l'art vivant s'assimile dans certaines sphères de la jet-set à un territoire de plaisance. Au point de devenir ce que Willi Bongart, leur créateur pionnier, voulait en faire : une ÷boussole÷ de la représentation institutionnelle (expositions, muséification) et marchande (galeries, enchères), mais aussi de la qualité artistique tout court. Le ÷meilleur÷ artiste, selon ces baromètres mercantilo-mondains que sont devenus les palmarès ? L'artiste réputé, l'artiste consacré, l'artiste qui vend cher, celui qui est en haut de la liste parce qu'on le voit beaucoup et partout, et peu importent au fond les raisons. La leçon est amère pour les naïfs qui croient au primat de l'expression poétique comme fondement de la valeur esthétique. Autre enseignement de cette étude, en filigrane mais non des moindres, qui de nouveau ne ravira pas ceux qui veulent croire que la France, quatrième marché d'art contemporain au niveau mondial, voit ses artistes briller au registre international. Il n'en est rien. Le déclassement, à ce jour, est avéré, et la faillite, consommée. |
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Résumé: | En 2002, le sociologue Alain Quemin, aujourd'hui professeur à Paris VIII, publiait une étude qui fit grand bruit, ÷l'Art contemporain international. Entre les institutions et le marché÷ (Jacqueline Chambon et Artprice). A l'aide de statistiques, tableaux et histogrammes implacables, l'auteur y démontrait que la représentativité de l'art français à l'étranger prenait la voie du déclassement. Cette appréciation n'eut pas l'heur de ravir les responsables de nos institutions, implicitement désignés comme responsables de cet échec de la politique culturelle hexagonale à l'étranger. Rude coup porté par l'ordre des faits, qui ignore la rhétorique, à ÷l'exception culturelle÷ française. Avec ce nouvel ouvrage, ÷les Stars de l'art contemporain. Notoriété et consécration artistiques dans les arts visuels÷, le sociologue continue son enquête avec la précision maniaque qu'on lui connaît, en interrogeant cette fois la nature des palmarès en art contemporain. Ceux-ci, depuis le Kunstkompass allemand (1970). se sont fortement multipliés et développés, ces vingt dernières années notamment, tandis que le monde de l'art vivant s'assimile dans certaines sphères de la jet-set à un territoire de plaisance. Au point de devenir ce que Willi Bongart, leur créateur pionnier, voulait en faire : une ÷boussole÷ de la représentation institutionnelle (expositions, muséification) et marchande (galeries, enchères), mais aussi de la qualité artistique tout court. Le ÷meilleur÷ artiste, selon ces baromètres mercantilo-mondains que sont devenus les palmarès ? L'artiste réputé, l'artiste consacré, l'artiste qui vend cher, celui qui est en haut de la liste parce qu'on le voit beaucoup et partout, et peu importent au fond les raisons. La leçon est amère pour les naïfs qui croient au primat de l'expression poétique comme fondement de la valeur esthétique. Autre enseignement de cette étude, en filigrane mais non des moindres, qui de nouveau ne ravira pas ceux qui veulent croire que la France, quatrième marché d'art contemporain au niveau mondial, voit ses artistes briller au registre international. Il n'en est rien. Le déclassement, à ce jour, est avéré, et la faillite, consommée. |
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Description matérielle: | p. 72-73. |
ISSN: | 0245-5676 |