Qui est mon corps ? [Dossier].
Enregistré dans:
Publié dans: | Philosophie magazine n° 74 |
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Support: | Article de revue |
Publié: |
2013.
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Sujets: | |
Résumé: | Rappelez-vous, c'était il y a un siècle et demi : le Zarathoustra de Nietzsche tonnait ÷je suis corps tout entier et rien d'autre÷. Il rompait ainsi avec deux mille ans de dualisme occidental qui considérait le corps comme une simple enveloppe de l'esprit. Nous n'en sommes plus là : soigné par la science, protégé par le droit, perfectionné par le sport ou glorifié par la mode, le corps n'est plus ce lieu de l'erreur et du péché. Il serait la vérité même de notre être. Oui, mais si tout avait changé pour que, finalement, rien ne change ? Car, entre le dualisme méprisant d'hier et le monisme hédoniste d'aujourd'hui, c'est une même chose que nous dénions : l'étrangeté radicale de ce corps qui, s'il porte notre esprit, nous déroute par ses effondrements inexplicables ou ses jaillissements miraculeux. C'est cet étonnement que nous avons interrogé à travers les expériences d'un grand paralysé, les témoignages d'une artiste ou d'un insomniaque et les hypothèses de la philosophie analytique contemporaine. Tous confirment qu'un dernier effort nous attend pour être véritablement nietzschéens : accepter que, si le corps est notre ÷grande Raison÷, il n'en continue pas moins de nous échapper à la fin. |
Lien: | Dans:
Philosophie magazine |
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520 | |a Rappelez-vous, c'était il y a un siècle et demi : le Zarathoustra de Nietzsche tonnait ÷je suis corps tout entier et rien d'autre÷. Il rompait ainsi avec deux mille ans de dualisme occidental qui considérait le corps comme une simple enveloppe de l'esprit. Nous n'en sommes plus là : soigné par la science, protégé par le droit, perfectionné par le sport ou glorifié par la mode, le corps n'est plus ce lieu de l'erreur et du péché. Il serait la vérité même de notre être. Oui, mais si tout avait changé pour que, finalement, rien ne change ? Car, entre le dualisme méprisant d'hier et le monisme hédoniste d'aujourd'hui, c'est une même chose que nous dénions : l'étrangeté radicale de ce corps qui, s'il porte notre esprit, nous déroute par ses effondrements inexplicables ou ses jaillissements miraculeux. C'est cet étonnement que nous avons interrogé à travers les expériences d'un grand paralysé, les témoignages d'une artiste ou d'un insomniaque et les hypothèses de la philosophie analytique contemporaine. Tous confirment qu'un dernier effort nous attend pour être véritablement nietzschéens : accepter que, si le corps est notre ÷grande Raison÷, il n'en continue pas moins de nous échapper à la fin. | ||
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