La Virilité est-elle en crise ? [Dossier].

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Publié dans: Le Journal des psychologues n° 308
Support: Article en ligne
Publié: 2013.
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Résumé: Depuis l'Antiquité jusqu'à aujourd'hui, la virilité n'a jamais cessé d'être explorée par la philosophie et les sciences humaines et sociales. D'abord associée aux notions de force, de domination, de courage, elle a progressivement intégré, dans son champ sémantique, des vertus psychologiques ou morales. Rapprochée souvent de celle de la masculinité - ensemble de traits attribués aux personnes de sexe masculin -, elle s'en distingue, cependant, par une plus grande visibilité et superlativité. Ce n'est que dans la seconde moitié du XXe siècle que les représentations sociales de la virilité et les comportements correspondants subiront les assauts les plus rudes, avant tout de la part du féminisme militant, arguant de la décrépitude des modèles et valeurs qui ont fondé historiquement le pouvoir masculin, inséparable d'un autoritarisme obscurantiste. Les travaux autour de la ÷théorie du genre÷, sur la transsexualité ainsi que sur le brouillage des identités féminine et masculine, ont achevé de périmer le contenu des représentations classiques de la virilité. Plus récemment, l'irruption du mouvement ÷femen÷, activistes aux seins nus, extrémisant le combat féministe et récupérant le langage guerrier masculin, propose le rejet des modèles virils ou, à défaut, leur partage par les deux sexes. La thèse de Judith Butler sur la dissociation de la virilité du corps masculin trouve là une application éclatante. Peut-être aussi les discussions très actuelles sur le mariage gay, la procréation médicalement assistée, etc., apportent-elles du grain à moudre au combat contre l'ancien ordre masculin. La crise de la virilité désignée dans la littérature psychanalytique comme ÷le crépuscule du pénis÷ ou ÷la défaite du mâle÷ n'est pas sans accroître le malaise dans les relations intersexes. Que reste-t-il, en effet, au mâle menacé de dévirilisation, hanté par l'impuissance ou ÷la castration÷, marginalisé dans le système familial, contesté dans ses prérogatives traditionnelles dans les univers du travail et de la politique, dépossédé du pouvoir d'incarnation de la loi ? Dans les sociétés hypermodernes (Tapia, 2012), l'une des réponses réside dans des pratiques hypermasculines comme le body building, l'utilisation massive de stimulation médicamenteuse ou de prothèses agressives, dans la célébration obsédante et ostentatoire de la virilité débouchant parfois sur des conduites criminelles. Cela dit, des tendances s'affirment de plus en plus vers un partage par les deux sexes des aspirations aux vertus positives qui ont fondé la virilité et mettent en garde les féministes les plus exaltées contre l'inversion des rôles, c'est-à-dire l'installation de la femme à la place virile ou sadique et de l'homme dans la position de victime. Ce qui serait, selon Anne Juranville (2004), se maintenir ÷dans l'illusion de la complémentarité des sexes (...) et s'installer dans une clôture÷. On ne peut pas écarter l'hypothèse d'une corrélation entre le degré d'autoritarisme ou de conservatisme du système politique, l'insuffisante complexité culturelle de la société et la tendance à l'expression de la virilité sous ses formes les plus régressives ; ni celle suggérant un probable lien entre le libéralisme politique et de moeurs, le culturalisme relativiste et la problématisation de la virilité.
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Lien: Dans: Le Journal des psychologues

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