L' Homme mesurable [Dossier] : évaluer ou dévaluer les pratiques.
Enregistré dans:
Publié dans: | Le Journal des psychologues n° 307 |
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Support: | Article de revue |
Publié: |
2013.
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Sujets: | |
Résumé: | Aujourd'hui, les pratiques évaluatives se sont transformées en un véritable raz-de-marée. Envahissant tous les domaines du secteur marchand, bien sûr, mais aussi la santé, la recherche, la justice et bien d'autres. L'évaluation s'accompagne d'un certain nombre de signifiants dont la prolifération n'a d'égale que leur approximation : la qualité, la normalisation, les référentiels et les procédures de toutes sortes sont autant de paradigmes qui matérialisent les pratiques et leur donnent un cadre fonctionnel en occultant ce qui fait l'essence du métier de chacun. Cela n'est pas nouveau, et les pratiques évaluatives calquées sur le modèle marchand ne datent pas d'aujourd'hui. Ce qui est plus récent, c'est ce qu'il faut bien appeler le ÷culte du chiffrage÷, qui se traduit par une démarche quasi obsessionnelle de quantifier toutes les pratiques sociales. Certes, aujourd'hui, émergent une prise de conscience et une prise en compte, y compris médiatique, du danger et des dérives représentés par le tout évaluable et le tout quantifiable. ÷France culture÷, ÷Le Monde÷, parmi d'autres, consacrent des émissions et des éditions pour faire entendre la voix des penseurs, créateurs, chercheurs, travailleurs sociaux dans les domaines les plus divers, qui oeuvrent sur cette question et sont en souffrance eux-mêmes au coeur de leur activité. Mais, comme l'enfer, les tentatives évaluatrices s'accompagnent souvent de bonnes intentions. Derrière chaque évaluation ne se cachent pas forcément de noirs desseins. Bien au contraire, les procédures sont érigées au nom du bien commun : la qualité, l'efficacité, les bonnes pratiques, sont autant de tentatives visant à simplifier les pratiques, à les clarifier, à les rendre transparentes et intelligibles. Peut-être est-ce contre cette candeur totalisante qu'il faut maintenant lutter ? Le dossier de ce mois, centré sur l'évaluation telle qu'elle se généralise, est une réflexion, mais aussi une forme de mise en garde - parmi d'autres - devant la relégation au second plan de la pensée, si nécessaire dans nos secteurs d'activité pour rendre compte, justement, de la complexité de l'être humain, pour tout simplement travailler entre professionnels et avec les ÷usagers÷. |
Lien: | Dans:
Le Journal des psychologues |
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260 | |c 2013. | ||
300 | |a p. 16-60. | ||
500 | |a Dossier de 6 articles. | ||
520 | |a Aujourd'hui, les pratiques évaluatives se sont transformées en un véritable raz-de-marée. Envahissant tous les domaines du secteur marchand, bien sûr, mais aussi la santé, la recherche, la justice et bien d'autres. L'évaluation s'accompagne d'un certain nombre de signifiants dont la prolifération n'a d'égale que leur approximation : la qualité, la normalisation, les référentiels et les procédures de toutes sortes sont autant de paradigmes qui matérialisent les pratiques et leur donnent un cadre fonctionnel en occultant ce qui fait l'essence du métier de chacun. Cela n'est pas nouveau, et les pratiques évaluatives calquées sur le modèle marchand ne datent pas d'aujourd'hui. Ce qui est plus récent, c'est ce qu'il faut bien appeler le ÷culte du chiffrage÷, qui se traduit par une démarche quasi obsessionnelle de quantifier toutes les pratiques sociales. Certes, aujourd'hui, émergent une prise de conscience et une prise en compte, y compris médiatique, du danger et des dérives représentés par le tout évaluable et le tout quantifiable. ÷France culture÷, ÷Le Monde÷, parmi d'autres, consacrent des émissions et des éditions pour faire entendre la voix des penseurs, créateurs, chercheurs, travailleurs sociaux dans les domaines les plus divers, qui oeuvrent sur cette question et sont en souffrance eux-mêmes au coeur de leur activité. Mais, comme l'enfer, les tentatives évaluatrices s'accompagnent souvent de bonnes intentions. Derrière chaque évaluation ne se cachent pas forcément de noirs desseins. Bien au contraire, les procédures sont érigées au nom du bien commun : la qualité, l'efficacité, les bonnes pratiques, sont autant de tentatives visant à simplifier les pratiques, à les clarifier, à les rendre transparentes et intelligibles. Peut-être est-ce contre cette candeur totalisante qu'il faut maintenant lutter ? Le dossier de ce mois, centré sur l'évaluation telle qu'elle se généralise, est une réflexion, mais aussi une forme de mise en garde - parmi d'autres - devant la relégation au second plan de la pensée, si nécessaire dans nos secteurs d'activité pour rendre compte, justement, de la complexité de l'être humain, pour tout simplement travailler entre professionnels et avec les ÷usagers÷. | ||
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