Linné : Classer la nature
Enregistré dans:
Publié dans: | Les Génies de la sciences No 26 |
---|---|
Auteur principal: | |
Support: | Article de revue |
Langue: | Français |
Publié: |
2006.
|
Sujets: | |
Résumé: | Ginkgo biloba, Pan troglodytes, Nephrops norvegicus, Quercus suber sont les noms scientifiques de l'arbre aux quarantes écus, du chimpanzé, de la langouste et du chène-liège. Les centaines de milliers d'espèces végétales et animales décrites par les biologistes portent tous des noms latins du même type, reconnus et acceptés par l'ensemble de la communauté scientifique internationale. Cette nomenclature binomiale est l'oeuvre, au milieu du XVIIIème siècle, du naturaliste suédois Carl von Linné (1707-1778). Elle résulte d'une profonde réflexion sur la diversité du vivant, sur la nécessité, mais aussi sur la difficulté, de son inventaire et de sa mise en ordre, à laquelle ont contribué tous les grands zoologistes, botaniques mais aussi hommes de lettres européens du siècle des Lumières. Toujours en usage partout dans le monde, la nomenclature linnéenne est probableement le seul exemple dans l'histoire des sciences de l'utilisation à ce point pérenne de règles et de concepts vieux de plusieurs siècles. Elles est à ce titre un authentique lieu de mémoire scientifique. Le monde de Linné et de la plupart de ses contemporains n'a pourtant rien à voir avec celui des biologistes actuels. Dieu et la Bible, notamment, y occupe une place centrale. Mais les controverses suscitées au XVIIIème siècle par la taxinomie linnéenne demeurent d'une grande actualité : questionnements sur la continuité et la discontinuité de la nature, interrogations sur la réalité ou non de l'espèce, définition problématique de cette espèce, sont des thèmes récurrents de l'histoire des sciences de la vie. Des philosophesinformés de l'état des connaissances scientifiques de leur temps, comme La Mettrie, Diderot, Voltaire, Rousseau, Condillac interviennent dans les débats. Jusqu'au début du XIXème siècle, il sera anachronique de vouloir distinguer homme de sciences et homme de lettres, mais aussi le savant du croyant. L'oeuvre de Linné ne se estreint pas à sa seule nomenclature. Ses classifications, du règne végétal et du règne animal, rompent avec les tentatives maladroites de ses prédécessseurs et fondent la systématique moderne. Elles ouvrent la voie en France aux travaux de Cuvier et de Lamarck. L'histoire de ma taxinomie linnéenne est enfin celle d'un culte sans équivalent dans l'histoire des sciences rendu à son auteur après sa mort. Cette idolâtrie, caractéristique des premières sociétés linnéenne, annonce la prise de conscience, dans les dernières décennies du XIXème siècle, de la nécessité de stabiliser et d'universaliser la nomenclature scientifique. Ce sera l'oeuvre des Codes internationaux de nomenclature qui, encore aujourd'hui, donnent aux écrits de Linné une priorité absolue. |
Lien: | Dans:
Les Génies de la sciences |
BU Sciences
Localisation | Cote | Statut | |
---|---|---|---|
n° 26 (2006)
|
Archives | 500 RS GEN |
Dispo. du n° : voir "Lien"
|