Enfance de l'Europe, Xe-XIIe siècle. 1, L'homme et son espace : aspects économiques et sociaux

Enregistré dans:
Détails bibliographiques
Auteur principal: Fossier, Robert, 1927-2012.
Support: Livre
Langue: Français
Publié: Paris : Pressses universitaires de France, 1989
Édition: 2e édition avec supplément bibliographique.
Collection: Nouvelle Clio 17
Sujets:
Autres localisations: Voir dans le Sudoc
Résumé: Comment expliquer l'essor démographique et économique qui, de 950 à 1200, transforme les structures de l'Europe ? Et comment rendre compte de sa logique spatiale ? Le vieux centre carolingien, situé entre Loire et Rhin, ne connaît l'expansion agricole que bien après les périphéries méditerranéennes. Pourtant, dès la seconde moitié du XIIe siècle, il est en tête du dynamisme européen, caractérisé par la crue des hommes et la conquête des sols. Pour rendre compte de ce paradoxe, Fossier a synthétisé un impressionnant matériau : l'ensemble de l'historiographie médiévale produite entre les années 1950 et 1970. Données éparses sans doute, statistiques fragiles certainement, elles viennent nourrir des tableaux historiques où Fossier, inspiré par la tradition géographique de Vidal de la Blache, parcourt l'Europe en tous sens. Mais c'est aussi pour rompre des lances avec l'historiographie dominante d'alors qui défend encore une conception juridique de la féodalité. Or celle-ci, dont on fait si volontiers le prototype des rapports sociaux du temps, est en décomposition avant 1200 . Ces rapports sociaux, qui commandent chez Fossier à l'économique, sont définis par l'individualisme naissant et par l'encellulement . L'historien forge ce néologisme en généralisant l'incastellamento étudié par Pierre Toubert dans les campagnes du Latium : il ne s'agit pas seulement du regroupement des hommes et de la recomposition des propriétés foncières autour des châteaux, mais de l'encadrement des populations par la seigneurie dans le cadre paroissial qui a rapproché, peut-être même enchaîné les hommes . De là, la naissance du village, que Fossier, s'appuyant sur l'archéologie médiévale, décrit comme le résultat d'une révolution : durant plus d'un demi-siècle, de 990 à 1060, il s'agit d'une révolution sociale. J'emploie ce mot à dessein . Un style exigeant et foisonnant, un cadre conceptuel complexe mais souvent allusif, une attention constante, et parfois féroce, aux débats historiographiques. Il n'en reste pas moins un monument impressionnant, et à bien des égards admirable, d'une historiographie alors au faîte de sa puissance. Bien des recherches l'écornent aujourd'hui : sur les rythmes de la croissance, les réalités archéologiques de l'encadrement des hommes, les fonctions de la ville dans le système féodal... Mais le monument demeure, massif, intact, que rehausse encore une langue qu'emporte parfois le lyrisme. Irremplaçable ? Sans doute : il date d'un temps où une synthèse d'une telle ampleur et d'une telle ambition était encore possible.
+ d'infos
Résumé:Comment expliquer l'essor démographique et économique qui, de 950 à 1200, transforme les structures de l'Europe ? Et comment rendre compte de sa logique spatiale ? Le vieux centre carolingien, situé entre Loire et Rhin, ne connaît l'expansion agricole que bien après les périphéries méditerranéennes. Pourtant, dès la seconde moitié du XIIe siècle, il est en tête du dynamisme européen, caractérisé par la crue des hommes et la conquête des sols. Pour rendre compte de ce paradoxe, Fossier a synthétisé un impressionnant matériau : l'ensemble de l'historiographie médiévale produite entre les années 1950 et 1970. Données éparses sans doute, statistiques fragiles certainement, elles viennent nourrir des tableaux historiques où Fossier, inspiré par la tradition géographique de Vidal de la Blache, parcourt l'Europe en tous sens. Mais c'est aussi pour rompre des lances avec l'historiographie dominante d'alors qui défend encore une conception juridique de la féodalité. Or celle-ci, dont on fait si volontiers le prototype des rapports sociaux du temps, est en décomposition avant 1200 . Ces rapports sociaux, qui commandent chez Fossier à l'économique, sont définis par l'individualisme naissant et par l'encellulement . L'historien forge ce néologisme en généralisant l'incastellamento étudié par Pierre Toubert dans les campagnes du Latium : il ne s'agit pas seulement du regroupement des hommes et de la recomposition des propriétés foncières autour des châteaux, mais de l'encadrement des populations par la seigneurie dans le cadre paroissial qui a rapproché, peut-être même enchaîné les hommes . De là, la naissance du village, que Fossier, s'appuyant sur l'archéologie médiévale, décrit comme le résultat d'une révolution : durant plus d'un demi-siècle, de 990 à 1060, il s'agit d'une révolution sociale. J'emploie ce mot à dessein . Un style exigeant et foisonnant, un cadre conceptuel complexe mais souvent allusif, une attention constante, et parfois féroce, aux débats historiographiques. Il n'en reste pas moins un monument impressionnant, et à bien des égards admirable, d'une historiographie alors au faîte de sa puissance. Bien des recherches l'écornent aujourd'hui : sur les rythmes de la croissance, les réalités archéologiques de l'encadrement des hommes, les fonctions de la ville dans le système féodal... Mais le monument demeure, massif, intact, que rehausse encore une langue qu'emporte parfois le lyrisme. Irremplaçable ? Sans doute : il date d'un temps où une synthèse d'une telle ampleur et d'une telle ambition était encore possible.
Description matérielle:1 vol. (XIV-605 p.) : ill., couv. ill. en coul. ; 19 cm.
Bibliographie:Bibliogr. p. [7]-63 et I-XIV
ISBN:2130423469 (br.) :